![Véronique Agostini: le papier, insolite et poétique 070924050623120531266798](https://2img.net/h/www.casimages.com/img/jpg/070924050623120531266798.jpg)
Quatre ans de travail pour une magnifique exposition et dans une salle remarquable
C’est vendredi dernier 21 septembre qu’a eu lieu au Foyer des Campagnes de Poussan, avec l’appuis exceptionnel de sa municipalité, le vernissage de l’exposition « Le papier, chemin de vie » de l’artiste frontignanaise, Véronique Agostini.
Les œuvres de l’artiste sont valorisées par le cadre impressionnant de cette salle, véritable temple pour l’expression des créateurs.
L’artiste frontignanaise emprunte des sentiers artistiques originaux et cette passionnée du papier végétal ose des textures inédites tout en nous faisant découvrir cette technique ancestrale, réactualisée et modernisée.
Le papier végétal, le « lokta », qui lui parvient du Lhassa, est un matériau vivant qui captive l’artiste, laquelle le transforme en sculptures végétales lumineuses, autour d’un thème, d’un lieu, d’un événement ou d’un livre.
Ce support de création inhabituel offre à l’imaginaire de l’artiste un support original. Alors on rencontre des « suminagashis » ou encres flottantes puis une œuvre conceptuelle en forme d’installation de quarante bols ( la symbolique du chiffre 4 est d’ailleurs expliquée) faits de papier recyclé, dans lesquels on trouve une ancienne œuvre éphémère, sauvée in extrémis et déposée dans ces bols en petits rouleaux où sont écrits des textes de Christian Bobin, des textes qui deviennent donc des « nourritures spirituelles »…..
Autres techniques aussi utilisées : le papier marouflé sur bois, sur métal, le raphia, des dentelles végétales, autant de procédés décoratifs inspirés qui deviennent des « boucliers végétaux », des « graines et sols » , des « follicules » et des objets très aériens qui mettent en valeur les fibres par transparence.
Le cycle sur la Gardiole joue sur une palette de végétaux particulièrement contrastée et rend un hommage des plus fins à cette terre ensoleillée.
Sous une facilité apparente, l’artiste fait l’effort de l’extrême difficulté d’arriver à la forme pure et évidente. Cette simplicité originelle est reconquise au prix d’immenses efforts et l’on sent cette fascination de l’artiste pour cet art du papier, un papier fabriqué depuis des siècles par les habitants du Népal et du Bhoutan qui sur les hautes montagnes de leurs régions, prélèvent l’écorce du « lokta ou Daphnae Papyracea », un arbuste qui pousse entre 2500 et 4500m d’altitude. La pérennité et la splendeur de ce support remarquable fascine cette artiste qui fait en quelque sorte de l’art équitable.
Indirectement, le public ressent le mirage de cette invitation à voyager au bout du monde, à travers ce papier pratiquement indéchirable et qui se conserve pendant de très nombreuses années. Véronique Agostini se voit bien parmi la même famille de ces artisans de l’Himalaya qui pratiquent cet art millénaire.
On peut aussi apprécier les teintes chaudes, la brillance soyeuse et les marbrures des œuvres exposées, ainsi qu’à l’entrée, l’arbuste buissonnant de la vie qui attend qu’on lui accroche des souhaits, comme le font les Asiatiques. Alors, on peut réfléchir à la création du monde….
L’exposition est visible, au Foyer des Campagnes (bien indiqué en entrant à Poussan, venant de Frontignan), jusqu’au 10 octobre, tous les jours, de 16h à19h.