http://www.acontresens.com/contrepoints/societe/37.html
Villiers-le-Bel :
Des envoyés spéciaux ce soir...
Toutes les chaînes cherchent le scoop...
Des émeutes en live, ils aimeraient ça...
Ce qu'ils aimeraient aussi, c'est réduire la réflexion des "gens des quartiers" à un simple réflexe.
Je m'explique.
Ces journalistes, ce maire, ces préfets, vous peut-être...
Tous croient qu'il suffirait d'un prétexte à ce que les émeutes de 2005 reviennent hanter le gouvernement Sarkozy.
Mais en banlieue (93000 d'où j'écris),
Ca fait longtemps que nous n'avons plus besoin de prétexte,
Ni de tristes exemples pour savoir à quoi on nous réduit...
Quel sort on nous réserve...
Parfois je crois que certains aimeraient nous voir crever comme on regarde un vieil animal dans un zoo.
Méfiance, citoyens de France, les générations les plus jeunes sont de plus en plus résignées quant à leur sort.
S'en sortir.
C'est possible.
Pour peu d'entre nous.
En témoigne le pourcentage de ceux qui s'en sont sortis en regardant cette vieille photo de colonie de vacances quand on avait 12 ans...
Ca déprime.
Accent de banlieue ?
Feignants, voleurs, irresponsables en somme.
Je m'explique :
Le boulot, le logement, la banque... stop ou encore ?
Bien sûr que vivre dans des cages à lapins ça ne civilise pas son homme.
Bah non.
-Vous croyez quoi en vérité?
Que nous devrions (encore) voir brûler NOS poubelles, NOS voitures, nos PME locales ou NOS écoles de quartier ?
Vous croyez franchement que ça nous fait envie aux jeunes comme aux vieux ?
Ca, c'est comme croire que les grévistes aiment perdre des jours de boulot.
Rester au froid près de piquets de grèves...
Est-ce du mépris pour notre intelligence ou simplement que vous sous-estimez (encore) la capacité des quartiers à s'identifier entre eux, à réfléchir ?
Oui, la solidarité s'exprime dans la misère.
On se reconnaît entre nous.
On sait aussi très vite à quel point le gars en face est une tête brûlée.
Y'en a.
"Il suffira d'une fois"
"Une bavure et c'est encore le feu"
Tu parles Charles...
A vrai dire c'est bien plus tendu que ça.
Vous ne voyez la violence de nos quartiers QUE dans les médias.
Donc la beauté (intérieure) de nos quartiers vous est étrangère.
C'est bien plus tendu que ça :
Parce qu'il n'y a plus besoin depuis longtemps de morts, de bavures, etc.
Stop, merci.
Des exemples y'en a trop.
La police est le bras armé de l'Etat donc en premier lieu, ils prennent.
L'autre ?
L'autre Nicolas lui est en Chine dans un 600m² à vendre des centrales nucléaires ou je ne sais quoi au nom d'AREVA... se félicite des ventes d'AIRBUS...
Il s'en fout.
Il s'en fout de nos banlieues à part pour les nettoyer au Kärcher.
Il parle d'enquête...
De justice...
Des mots qui sonnent comme des menaces chez nous.
Le Grenelle, les régimes spéciaux, le bouclier fiscal, j'en passe et des meilleures...
Rien sur les banlieues, pourtant il l'ouvrait le Ministre Sarkozy.
Il voulait nettoyer.
Tu parles.
Rien n'a changé.
Même pas à Clichy-sous-bois.
Alors, si émeutes il y a :
Car les informations circulent par texto souvent ;
Ce ne sera peut-être pas à cause de la mort de ces deux jeunes gens.
Ca partira peut-être pour "rien".
Et oui.
Le "rien" en question :
C'est la vie de tous les jours.
Les habitudes qu'on prend à vivre avec nos proches dans la jungle urbaine ou dans notre village de banlieue comme parfois on l'appelle.
Les habitudes bonnes et mauvaises, étranges et particulières...
Celles qu'on fait prendre à sa copine quand elle rentre tard.
Parce qu'on n'a pas que des "jeunes à tournantes" ici.
On a aussi tous ces gars que la société ne sait pas où mettre.
Des sdf bien sûr qui ne sont pas une menace souvent...
Des "allumés" qui traînent des problèmes psycho-psycha-Triques et dont nous ne connaissons même pas le nom.
Les toxos de tous poils.
Bref "normal" comme on dit.
Dans ces mauvaises habitudes - je l'es ai eues et j'en ai encore -, il y a cette malheureuse habitude du peuple à répondre au mépris et à l'ignorance par un cri.
Un cri qui peut être le feu.
Qui peut être le saccage.
Qui peut être un dessin ou une chanson.
Mais qu'est ce qu'une chanson face à l'injustice économique ?
Ami(e)s de banlieues.
Cessons de mettre à sac nos propres quartiers.
Les moyens de protester sont larges, chacun les siens.
Ici on fait l'art pas la guerre.
Mais je n'oublie rien des brimades policières de mon adolescence et de la mentalité de notre police nationale,
Non je n'oublie rien,
Eux non plus.
Est-ce que le feu brûle encore ?
"lol"
Comme on dit sur le net.
Est ce que la banlieue est en flammes ?
Comme disent les journalistes.
Oui, messieurs, chaque jour.
Non, messieurs, du tout.
Dépend de comment on regarde.
Chez nous la seule police de proximité qu'il reste :
C'est quand tu l'as sur le dos.
Alors quand je vois les vautours et les corbeaux à Villiers-le-Bel.
Je m'étrangle.
Djamal, 26 novembre 2007, Bobigny
Villiers-le-Bel :
Des envoyés spéciaux ce soir...
Toutes les chaînes cherchent le scoop...
Des émeutes en live, ils aimeraient ça...
Ce qu'ils aimeraient aussi, c'est réduire la réflexion des "gens des quartiers" à un simple réflexe.
Je m'explique.
Ces journalistes, ce maire, ces préfets, vous peut-être...
Tous croient qu'il suffirait d'un prétexte à ce que les émeutes de 2005 reviennent hanter le gouvernement Sarkozy.
Mais en banlieue (93000 d'où j'écris),
Ca fait longtemps que nous n'avons plus besoin de prétexte,
Ni de tristes exemples pour savoir à quoi on nous réduit...
Quel sort on nous réserve...
Parfois je crois que certains aimeraient nous voir crever comme on regarde un vieil animal dans un zoo.
Méfiance, citoyens de France, les générations les plus jeunes sont de plus en plus résignées quant à leur sort.
S'en sortir.
C'est possible.
Pour peu d'entre nous.
En témoigne le pourcentage de ceux qui s'en sont sortis en regardant cette vieille photo de colonie de vacances quand on avait 12 ans...
Ca déprime.
Accent de banlieue ?
Feignants, voleurs, irresponsables en somme.
Je m'explique :
Le boulot, le logement, la banque... stop ou encore ?
Bien sûr que vivre dans des cages à lapins ça ne civilise pas son homme.
Bah non.
-Vous croyez quoi en vérité?
Que nous devrions (encore) voir brûler NOS poubelles, NOS voitures, nos PME locales ou NOS écoles de quartier ?
Vous croyez franchement que ça nous fait envie aux jeunes comme aux vieux ?
Ca, c'est comme croire que les grévistes aiment perdre des jours de boulot.
Rester au froid près de piquets de grèves...
Est-ce du mépris pour notre intelligence ou simplement que vous sous-estimez (encore) la capacité des quartiers à s'identifier entre eux, à réfléchir ?
Oui, la solidarité s'exprime dans la misère.
On se reconnaît entre nous.
On sait aussi très vite à quel point le gars en face est une tête brûlée.
Y'en a.
"Il suffira d'une fois"
"Une bavure et c'est encore le feu"
Tu parles Charles...
A vrai dire c'est bien plus tendu que ça.
Vous ne voyez la violence de nos quartiers QUE dans les médias.
Donc la beauté (intérieure) de nos quartiers vous est étrangère.
C'est bien plus tendu que ça :
Parce qu'il n'y a plus besoin depuis longtemps de morts, de bavures, etc.
Stop, merci.
Des exemples y'en a trop.
La police est le bras armé de l'Etat donc en premier lieu, ils prennent.
L'autre ?
L'autre Nicolas lui est en Chine dans un 600m² à vendre des centrales nucléaires ou je ne sais quoi au nom d'AREVA... se félicite des ventes d'AIRBUS...
Il s'en fout.
Il s'en fout de nos banlieues à part pour les nettoyer au Kärcher.
Il parle d'enquête...
De justice...
Des mots qui sonnent comme des menaces chez nous.
Le Grenelle, les régimes spéciaux, le bouclier fiscal, j'en passe et des meilleures...
Rien sur les banlieues, pourtant il l'ouvrait le Ministre Sarkozy.
Il voulait nettoyer.
Tu parles.
Rien n'a changé.
Même pas à Clichy-sous-bois.
Alors, si émeutes il y a :
Car les informations circulent par texto souvent ;
Ce ne sera peut-être pas à cause de la mort de ces deux jeunes gens.
Ca partira peut-être pour "rien".
Et oui.
Le "rien" en question :
C'est la vie de tous les jours.
Les habitudes qu'on prend à vivre avec nos proches dans la jungle urbaine ou dans notre village de banlieue comme parfois on l'appelle.
Les habitudes bonnes et mauvaises, étranges et particulières...
Celles qu'on fait prendre à sa copine quand elle rentre tard.
Parce qu'on n'a pas que des "jeunes à tournantes" ici.
On a aussi tous ces gars que la société ne sait pas où mettre.
Des sdf bien sûr qui ne sont pas une menace souvent...
Des "allumés" qui traînent des problèmes psycho-psycha-Triques et dont nous ne connaissons même pas le nom.
Les toxos de tous poils.
Bref "normal" comme on dit.
Dans ces mauvaises habitudes - je l'es ai eues et j'en ai encore -, il y a cette malheureuse habitude du peuple à répondre au mépris et à l'ignorance par un cri.
Un cri qui peut être le feu.
Qui peut être le saccage.
Qui peut être un dessin ou une chanson.
Mais qu'est ce qu'une chanson face à l'injustice économique ?
Ami(e)s de banlieues.
Cessons de mettre à sac nos propres quartiers.
Les moyens de protester sont larges, chacun les siens.
Ici on fait l'art pas la guerre.
Mais je n'oublie rien des brimades policières de mon adolescence et de la mentalité de notre police nationale,
Non je n'oublie rien,
Eux non plus.
Est-ce que le feu brûle encore ?
"lol"
Comme on dit sur le net.
Est ce que la banlieue est en flammes ?
Comme disent les journalistes.
Oui, messieurs, chaque jour.
Non, messieurs, du tout.
Dépend de comment on regarde.
Chez nous la seule police de proximité qu'il reste :
C'est quand tu l'as sur le dos.
Alors quand je vois les vautours et les corbeaux à Villiers-le-Bel.
Je m'étrangle.
Djamal, 26 novembre 2007, Bobigny