Association Pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne

A Villeveyrac, des consommateurs, regroupés en "Amap", achètent d’avance une production partagée chaque semaine
En
visant « la polyculture et une certaine autarcie » sur leurs terres
villeveyracoises, Magali Dorques et son époux, Denis, n’étaient en rien
bercés par le vieux songe soixante-huitard soldé par tant d’échecs. Ils
avaient seulement « une idée claire de ce que nous aurions voulu en
tant que consommateurs ». Et la tête sur les épaules.
Le couple décide alors de se contenter « d’une agriculture
conventionnelle, mais sans traitement ». A cette époque, il élève,
outre des poulets, des pigeons et des lapins qu’il nourrit avec sa
production – « ce qui était trop compliqué » – avant de toucher du
doigt une autre difficulté : celle « d’entrer sur les marchés ». Magali
Dorques doit se contenter de la "place" villeveyracoise, de livraisons…(....)
Jusqu’à ce que la jeune agricultrice en ait « marre de ce bricolage ».
Et trouve une issue en discutant avec une cliente, R. P.. Une
Villeveyracoise d’origine suisse dont le gendre, installé dans les
Pyrénées-Orientales, fait fonctionner son exploitation biologique via
une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Un
concept ancien « basé sur un contrat entre un producteur et un groupe
de consommateurs qui, avec leur force d’achat, vont vers le produit
plutôt que l’inverse », assurant à l’agriculteur un débouché « et lui
permettant de lisser sa trésorerie ». L’hésitation est de courte durée.
En 2006, l’exploitation du couple Dorques passe en "conversion à
l’agriculture biologique", phase transitoire lui imposant le cahier des
charges Ecocert avec labellisation - après contrôles réguliers - au
bout de trois ans pour les arbres fruitiers, deux ans pour les légumes.
Magali Dorques se laisse ensuite convaincre de « passer au panier
standardisé plutôt qu’aux paniers individualisés, ingérables ».(...)
Quinze jours après sa création, l’Amap compte près de 40 membres qui se
sont chacun engagés, sur 6 mois, à acheter chaque semaine un panier -
ou demi-panier - de fruits ét légumes à L’Enclos de la Potagère. Pour
un investissement variant entre 44 et 88 € mensuels (quatre demi
paniers à 11 € ou quatre paniers à 22 €), fois six mois, plus une
adhésion annuelle à l’Amap de 10 €, leurs partenaires sont assurés
d’avoir accès à des fruits et légumes de qualité toute l’année. « Les
chèques sont établis à notre ordre mais ne sont encaissés qu’au fur et
à mesure par la trésorière de l’Amap », explique Magali Dorques qui
confie qu’« une centaine de paniers par semaine suffit à faire vivre de
leur travail deux exploitants en polyculture biologique ». Avec, outre
le contrat de confiance qui régit toute Amap, un principe de solidarité
qui veut que le panier évolue en fonction des saisons, pas le prix.(...)