En réponse à mes voeux pour la nouvelle année, j’ai reçu ce matin au courrier postal ce texte de mon amie Adrienne Cazeilles.
Adrienne Cazeilles, dans toute la région de Perpignan- Thuir (où elle réside), c’est une grande dame, une Voix. Depuis longtemps. Cette ancienne institutrice vient de prendre 87 ans !!!!Les livres, son livre « Quand on avait tant de racines », en était à sa troisième édition en 1985.
![Adrienne Cazeilles: la Voix de la Sagesse Adrien13](https://i.servimg.com/u/f18/13/48/86/77/adrien13.jpg)
![Adrienne Cazeilles: la Voix de la Sagesse Adrien16](https://i.servimg.com/u/f18/13/48/86/77/adrien16.jpg)
C’est dans les années 70 qu’après l’avoir vue à la télévision, je lui ai écrit et suis resté en contact avec elle. Nous sommes allés la voir en 1996 à Thuir et elle nous a emmenés à son jardin, qu’elle cultivait encore à l’époque.
![Adrienne Cazeilles: la Voix de la Sagesse Adrien14](https://i.servimg.com/u/f18/13/48/86/77/adrien14.jpg)
En février 1996, le jardin extraordinaire d'Adrienne dans la vallée des Aspres
C’est son neveu qui poursuit la tâche aujourd’hui, son âge et sa santé ne lui permettant plus de poursuivre son œuvre de toujours.
![Adrienne Cazeilles: la Voix de la Sagesse Adrien15](https://i.servimg.com/u/f18/13/48/86/77/adrien15.jpg)
Les sources se tarissent de plus en plus, paraît-il et la sécheresse rend le jardinage plus difficile
De tous les combats relevant de l’écologie, avant qu’elle sot à la mode, c’est surtout la protection de la nature et des arbres de la vallée des Aspres qu’elle a eu à cœur de défendre.
Son texte d’aujourd’hui, écrit le 15 décembre dernier, dans un style simple accessible à tous est en forme de manifeste où l’on trouve tout ce dont il faut prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard. Elle l’a envoyé aux journaux de sa région. Qu’en a-t-on fait, habitués qu’ils sont- et même « le Monde »- à recevoir ses textes ? Je ne sais pas et je m’empresse alors de faire ici écho à ce monument de sagesse que représente Mme Cazeilles.
--------------------------------------
Texte rigoureusement fidèle au texte manuscrit de Mme Cazeilles.
---------------------------------------
Veillée d’armes pour l’année 2010
Depuis dix ans déjà, nous avons pris le grand virage de l’an 2000 et entamé ce troisième millénaire que nous pensions porteur de tous les espoirs d’un monde de techniques fulgurantes faisant de notre planète « la Terre des Hommes » où leur domination se ferait sans partage.
Hélas, dès le 31 décembre 1999, une énorme tempête venait refroidir ce grand enthousiasme, jetant bas des millions et des millions d’arbres, parmi lesquels les grands chênes plantés par le Roi Soleil dans le Parc de Versailles au 17è siècle et éteignant au passage les illuminations de la Tour Eiffel
D’aucuns se sont donc mis peu à peu à relire les Cassandre de la deuxième moitié du 20è siècle, René DUMONT, Haroun TAZIEFF, Claude LEVY-STRAUSS, Jean DORST, Théodore MONOD, relayés par Michel SERRES et Jean-Marie PELT, par Gilles CLEMENT et son Jardin Planétaire, Jean-Louis ESTIENNE sur sa banquise, Eric ORSENNA et son « Histoire de l’eau », Pierre RABHI et son modèle de vie par la « sobriété heureuse » et une vraie agriculture biologique. Des films, des albums photos sont venus illustrer tout cela, de Nicolas HULOT à Yann ARTUS-BERTRAND, pour ceux qui ont besoin de renforcer les mots par l’image.
Le mot « décroissance » commence à trouver sa place, qui n’est pas celle de la chute au fond du gouffre, mais, bien au contraire, celle qui nous apportera peut-être le moyen d’en sortir, en évitant tous les inutiles gaspillages, porteurs de pollution chez les riches et augmentant la misère pour les pauvres, sur le plan mondial comme sur le plan local.
Les politiques parlent tous d’écologie. Ses adversaires les plus virulents d’hier commencent à mettre de l’eau dans leur vinaigre. Les anciens opposants deviennent, du moins en paroles, les défenseurs de la petite fleur des champs, et peignent en vert leurs vieilles affiches. Car, en dix ans, nous avons vu, en accéléré, tous les phénomènes météorologiques s’accumuler : tornades, tsunamis, inondations et sécheresses, vents de sable, et la neige de l’hiver passer de l’avalanche monstrueuse, à l’absence rédhibitoire. Les incendies cataclysmiques calcinent l’Australie, la Grèce et la Californie durant des semaines, après les forêts méditerranéennes. Les ressources naturelles commencent à se réduire comme peau de chagrin….
La première décennie du 21è siècle va donc s’achever dans une ambiance d’incertitude, sinon d’angoisse.
Pour cette année 2010 qui arrive, je renouvellerai le conseil de Pierre RABHI : faire adopter ce qu’il appelle « la part du colibri », notre part individuelle dans les changements qui nous attendent, aussi urgents qu’indispensables, sans attendre un consensus général gratifiant et protecteur. Chacun de nous ne peut pas, seul, éteindre l’incendie qui menace, mais toutes les gouttes d’eau accumulées y parviendront, si nous n’attendons pas des autres ce que nous ne faisons pas nous-mêmes.
Il y faut du courage. La gloire n’est pas au bout du chemin mais la survie de l’humanité est, vraiment, à ce prix.
Nous sommes à la croisée des chemins, dont l’un mène, inévitablement, au précipice, à plus ou moins long terme. D’autres se présentent, dont les cailloux et les ornières peuvent nous rebuter, alors que l’entrée du premier reste encore tapissée de velours et de paillettes.
Le choix est pourtant devenu clair. « Après nous le Déluge » ou bien « un Avenir pour nos enfants ».
Il ne se jouera pas à la roulette russe.
Mon seul vœu d’actualité, si près du début de l’année 2010, sera de vous dire : gardez-vous de la grippe, cette grippe dont on nous a si longuement rebattu les oreilles, peut-être pour nous faire oublier ces « longues et cruelles maladies » qui comptent si fort dans la vie et l’entourage de chacun de nous, celles qu’il ne faut pas nommer, de peur d’attirer le mauvais sort, et qui ne reculeront que si nous savons leur donner la PRIORITE.
Gardons-nous donc de la Grippe, celle qui nous rend sourds et aveugles aux souffrances des autres.
« I per mults anys, amb pau i salut ».
Adrienne Cazeilles le 15 décembre 2009.
Adrienne Cazeilles, dans toute la région de Perpignan- Thuir (où elle réside), c’est une grande dame, une Voix. Depuis longtemps. Cette ancienne institutrice vient de prendre 87 ans !!!!Les livres, son livre « Quand on avait tant de racines », en était à sa troisième édition en 1985.
![Adrienne Cazeilles: la Voix de la Sagesse Adrien13](https://i.servimg.com/u/f18/13/48/86/77/adrien13.jpg)
![Adrienne Cazeilles: la Voix de la Sagesse Adrien16](https://i.servimg.com/u/f18/13/48/86/77/adrien16.jpg)
C’est dans les années 70 qu’après l’avoir vue à la télévision, je lui ai écrit et suis resté en contact avec elle. Nous sommes allés la voir en 1996 à Thuir et elle nous a emmenés à son jardin, qu’elle cultivait encore à l’époque.
![Adrienne Cazeilles: la Voix de la Sagesse Adrien14](https://i.servimg.com/u/f18/13/48/86/77/adrien14.jpg)
En février 1996, le jardin extraordinaire d'Adrienne dans la vallée des Aspres
C’est son neveu qui poursuit la tâche aujourd’hui, son âge et sa santé ne lui permettant plus de poursuivre son œuvre de toujours.
![Adrienne Cazeilles: la Voix de la Sagesse Adrien15](https://i.servimg.com/u/f18/13/48/86/77/adrien15.jpg)
Les sources se tarissent de plus en plus, paraît-il et la sécheresse rend le jardinage plus difficile
De tous les combats relevant de l’écologie, avant qu’elle sot à la mode, c’est surtout la protection de la nature et des arbres de la vallée des Aspres qu’elle a eu à cœur de défendre.
Son texte d’aujourd’hui, écrit le 15 décembre dernier, dans un style simple accessible à tous est en forme de manifeste où l’on trouve tout ce dont il faut prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard. Elle l’a envoyé aux journaux de sa région. Qu’en a-t-on fait, habitués qu’ils sont- et même « le Monde »- à recevoir ses textes ? Je ne sais pas et je m’empresse alors de faire ici écho à ce monument de sagesse que représente Mme Cazeilles.
--------------------------------------
Texte rigoureusement fidèle au texte manuscrit de Mme Cazeilles.
---------------------------------------
Veillée d’armes pour l’année 2010
Depuis dix ans déjà, nous avons pris le grand virage de l’an 2000 et entamé ce troisième millénaire que nous pensions porteur de tous les espoirs d’un monde de techniques fulgurantes faisant de notre planète « la Terre des Hommes » où leur domination se ferait sans partage.
Hélas, dès le 31 décembre 1999, une énorme tempête venait refroidir ce grand enthousiasme, jetant bas des millions et des millions d’arbres, parmi lesquels les grands chênes plantés par le Roi Soleil dans le Parc de Versailles au 17è siècle et éteignant au passage les illuminations de la Tour Eiffel
D’aucuns se sont donc mis peu à peu à relire les Cassandre de la deuxième moitié du 20è siècle, René DUMONT, Haroun TAZIEFF, Claude LEVY-STRAUSS, Jean DORST, Théodore MONOD, relayés par Michel SERRES et Jean-Marie PELT, par Gilles CLEMENT et son Jardin Planétaire, Jean-Louis ESTIENNE sur sa banquise, Eric ORSENNA et son « Histoire de l’eau », Pierre RABHI et son modèle de vie par la « sobriété heureuse » et une vraie agriculture biologique. Des films, des albums photos sont venus illustrer tout cela, de Nicolas HULOT à Yann ARTUS-BERTRAND, pour ceux qui ont besoin de renforcer les mots par l’image.
Le mot « décroissance » commence à trouver sa place, qui n’est pas celle de la chute au fond du gouffre, mais, bien au contraire, celle qui nous apportera peut-être le moyen d’en sortir, en évitant tous les inutiles gaspillages, porteurs de pollution chez les riches et augmentant la misère pour les pauvres, sur le plan mondial comme sur le plan local.
Les politiques parlent tous d’écologie. Ses adversaires les plus virulents d’hier commencent à mettre de l’eau dans leur vinaigre. Les anciens opposants deviennent, du moins en paroles, les défenseurs de la petite fleur des champs, et peignent en vert leurs vieilles affiches. Car, en dix ans, nous avons vu, en accéléré, tous les phénomènes météorologiques s’accumuler : tornades, tsunamis, inondations et sécheresses, vents de sable, et la neige de l’hiver passer de l’avalanche monstrueuse, à l’absence rédhibitoire. Les incendies cataclysmiques calcinent l’Australie, la Grèce et la Californie durant des semaines, après les forêts méditerranéennes. Les ressources naturelles commencent à se réduire comme peau de chagrin….
La première décennie du 21è siècle va donc s’achever dans une ambiance d’incertitude, sinon d’angoisse.
Pour cette année 2010 qui arrive, je renouvellerai le conseil de Pierre RABHI : faire adopter ce qu’il appelle « la part du colibri », notre part individuelle dans les changements qui nous attendent, aussi urgents qu’indispensables, sans attendre un consensus général gratifiant et protecteur. Chacun de nous ne peut pas, seul, éteindre l’incendie qui menace, mais toutes les gouttes d’eau accumulées y parviendront, si nous n’attendons pas des autres ce que nous ne faisons pas nous-mêmes.
Il y faut du courage. La gloire n’est pas au bout du chemin mais la survie de l’humanité est, vraiment, à ce prix.
Nous sommes à la croisée des chemins, dont l’un mène, inévitablement, au précipice, à plus ou moins long terme. D’autres se présentent, dont les cailloux et les ornières peuvent nous rebuter, alors que l’entrée du premier reste encore tapissée de velours et de paillettes.
Le choix est pourtant devenu clair. « Après nous le Déluge » ou bien « un Avenir pour nos enfants ».
Il ne se jouera pas à la roulette russe.
Mon seul vœu d’actualité, si près du début de l’année 2010, sera de vous dire : gardez-vous de la grippe, cette grippe dont on nous a si longuement rebattu les oreilles, peut-être pour nous faire oublier ces « longues et cruelles maladies » qui comptent si fort dans la vie et l’entourage de chacun de nous, celles qu’il ne faut pas nommer, de peur d’attirer le mauvais sort, et qui ne reculeront que si nous savons leur donner la PRIORITE.
Gardons-nous donc de la Grippe, celle qui nous rend sourds et aveugles aux souffrances des autres.
« I per mults anys, amb pau i salut ».
Adrienne Cazeilles le 15 décembre 2009.