Elle est venue avec sa feuille de retraite et une quittance de loyer. Elle attend sagement qu’on lui donne la parole. A 70 ans, Julie bénéficie de 750 euros de revenus mensuels. Elle paie un loyer de 380 euros. «A la fin, il me reste moins de 500 euros.» Dans la salle, les gens opinent. Un vieux monsieur interroge : «Entre la hausse des transports, des loyers, des courses, les enfants qui ne gagnent pas assez, les impôts locaux, ça n’arrête pas. Mais vous avez fait quoi pour ça ?» Jérôme Chartier, député du Val-d’Oise qui conduit une tournée de réunions consacrées au pouvoir d’achat en France pour le compte de l’UMP, est passablement ennuyé. Et doit faire preuve de beaucoup de pédagogie pour vendre les réformes gouvernementales et surtout leur cohérence.
En face de lui, une soixantaine de retraités de la fonction publique, de l’armée, de l’industrie et quelques jeunes, qui ont tous voté Sarkozy, sont venus écouter et essayer de se rassurer. L’exercice tourne vite au débat participatif. Car ce qui inquiète, c’est presque le «trop plein de mesures», comme le dit un jeune retraité. «On n’y comprend plus grand-chose, dit-il en quittant la salle après plus de deux heures de réunion. Un coup on fait du pouvoir d’achat, un coup de la banlieue, un coup de la sidérurgie. Un coup 200 euros pour les vieux. Mais pour l’instant, la vie est toujours aussi difficile.»
Jérôme Chartier et Christian Kert, le député du coin, justifient les réformes qui se bousculent, les lois qui s’empilent : «Personne n’a jamais autant réformé que nous, dit Chartier. Tout se met en place progressivement, regardez-les heures supplémentaires. Votées en août, elles commencent à produire leur effet. C’est pareil pour les mesures sur le logement.» Un discours rassurant, mais qui n’enraye pas la morosité ambiante. «Regardez le rapport de Jacques Attali, dit un retraité de l’armée. 316 propositions qu’on accepte. Puis qu’on enterre. La seule qui valait, c’était celle sur la suppression des départements et Sarkozy la rejette. C’est bizarre, non ?»
Bizarre aussi, les réformes qui touchent les minima pour les handicapés. Un militant associatif, baise-en-ville accroché à l’épaule explique : «Aujourd’hui, avec vos réformes, quelqu’un qui touche l’allocation adulte handicapé verra sa retraite amputée ? On est très choqué.» Surtout au moment où le président de la République annonce une prime de 200 euros pour les vieux titulaires du minimum vieillesse. «Qui va payer d’ailleurs, grommelle un vieux monsieur. Je croyais que les caisses étaient vides ?» «Nous, ajoute son voisin, quand on fait notre budget, on calcule nos dépenses en fonction de nos recettes. Pourquoi l’Etat ne fait pas ça ?»
A la table, les députés acquiescent, expliquent les difficultés de «la réforme». Comme celle, emblématique, du bouclier fiscal : «Aujourd’hui, vos impôts tout compris doivent représenter moins de 50 % de vos revenus, dit Jérôme Chartier. C’est ça le bouclier fiscal, ça n’est pas que pour les riches, comme on l’a lu. C’est aussi pour des gens comme vous, qui touchez des petites retraites, mais qui êtes propriétaires et payez des impôts locaux élevés. Vous devez aller réclamer son application.» Dans la salle, certaines personnes notent et s’exclament : «Enfin, c’est incroyable qu’on nous ait jamais expliqué ça, si c’est bon pour notre pouvoir d’achat.»
La déception affleure. Sur les murs de la salle, les affiches de la campagne présidentielle continuent de proclamer : «Ensemble tout devient possible.» A moins de cinq semaines des municipales, elles sonnent comme une injonction .
liberation
En face de lui, une soixantaine de retraités de la fonction publique, de l’armée, de l’industrie et quelques jeunes, qui ont tous voté Sarkozy, sont venus écouter et essayer de se rassurer. L’exercice tourne vite au débat participatif. Car ce qui inquiète, c’est presque le «trop plein de mesures», comme le dit un jeune retraité. «On n’y comprend plus grand-chose, dit-il en quittant la salle après plus de deux heures de réunion. Un coup on fait du pouvoir d’achat, un coup de la banlieue, un coup de la sidérurgie. Un coup 200 euros pour les vieux. Mais pour l’instant, la vie est toujours aussi difficile.»
Jérôme Chartier et Christian Kert, le député du coin, justifient les réformes qui se bousculent, les lois qui s’empilent : «Personne n’a jamais autant réformé que nous, dit Chartier. Tout se met en place progressivement, regardez-les heures supplémentaires. Votées en août, elles commencent à produire leur effet. C’est pareil pour les mesures sur le logement.» Un discours rassurant, mais qui n’enraye pas la morosité ambiante. «Regardez le rapport de Jacques Attali, dit un retraité de l’armée. 316 propositions qu’on accepte. Puis qu’on enterre. La seule qui valait, c’était celle sur la suppression des départements et Sarkozy la rejette. C’est bizarre, non ?»
Bizarre aussi, les réformes qui touchent les minima pour les handicapés. Un militant associatif, baise-en-ville accroché à l’épaule explique : «Aujourd’hui, avec vos réformes, quelqu’un qui touche l’allocation adulte handicapé verra sa retraite amputée ? On est très choqué.» Surtout au moment où le président de la République annonce une prime de 200 euros pour les vieux titulaires du minimum vieillesse. «Qui va payer d’ailleurs, grommelle un vieux monsieur. Je croyais que les caisses étaient vides ?» «Nous, ajoute son voisin, quand on fait notre budget, on calcule nos dépenses en fonction de nos recettes. Pourquoi l’Etat ne fait pas ça ?»
A la table, les députés acquiescent, expliquent les difficultés de «la réforme». Comme celle, emblématique, du bouclier fiscal : «Aujourd’hui, vos impôts tout compris doivent représenter moins de 50 % de vos revenus, dit Jérôme Chartier. C’est ça le bouclier fiscal, ça n’est pas que pour les riches, comme on l’a lu. C’est aussi pour des gens comme vous, qui touchez des petites retraites, mais qui êtes propriétaires et payez des impôts locaux élevés. Vous devez aller réclamer son application.» Dans la salle, certaines personnes notent et s’exclament : «Enfin, c’est incroyable qu’on nous ait jamais expliqué ça, si c’est bon pour notre pouvoir d’achat.»
La déception affleure. Sur les murs de la salle, les affiches de la campagne présidentielle continuent de proclamer : «Ensemble tout devient possible.» A moins de cinq semaines des municipales, elles sonnent comme une injonction .
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Dernière édition par le Dim 10 Fév 2008 - 23:31, édité 2 fois