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C’était prévu depuis longtemps : le passage du Tour 2012 dans le St Clair était pour moi une priorité au programme du 14 juillet. Et pour y aller, le vélo, bien sûr ! Avec tout ce qu’il faut pour tenir sur un bon endroit repéré tôt le matin : de quoi manger, boire, lire et surtout, prendre des photos le moment venu. Mais j’avais un peu perdu l’habitude de voir le Tour et je ne m’attendais pas à tout ce que j’y ai vu et surtout entendu ce jour-là.
Cela a commencé crescendo, avec mon installation à l’arrêt du bus de la Citadelle, tranquillement, à l’ombre. Avant qu’une brave dame n’arrive avec sa petite-fille, pour attendre le bus. Un premier échange avec une passante, puis avec moi, qui lui dis, en regardant les horaires, qu’elle pouvait attendre 10mn le bus de 9h24 du samedi, qui passerait avant la fermeture du St Clair à 10h. Mais une autre dame de déclarer qu’il n’y avait pas de bus aujourd’hui, 14 juillet, donc férié ! J’avais oublié ! Alors la (première) dame est descendue à pied, jusqu’à l’hôtel Azur….
A 10h, toute une équipe vient s’installer à côté de moi, pour monter son stand de vente de « produits du Tour », maillots, casquettes, bidons...Le patron dépose ses jeunes et colis, me serre la main, me donne un porte-clés (mon seul objet rapporté du Tour !) puis repart un peu plus loin sans doute pour un autre stand. Camion immatriculé dans le Gard avec un autocollant un peu fatigué du « Conseil Général » sur la portière. Sans doute un truc pour ne pas être embêté par la police, plusieurs fois intriguée par l’installation. Qui, disons-le tout de suite, n’a pas dû faire fortune, car jusqu’à 16h30, si quelques personnes se sont arrêtées pour regarder, pas plus de deux ou trois personnes (dont un couple d’Anglais) ont acheté !
Pendant ce temps « ça continue d’arriver », ou plutôt, de monter. Avec tout le matériel nécessaire, parasols, glacière, sièges pliants, pain qui dépasse du sac et déjà, quelques drapeaux.
Parti en face m’installer au soleil, c’est une famille de néerlandais qui monte son camp près de moi. Maman descendra en ville acheter des canettes. Après, brumisateur et crème solaire seront mis à contribution toute la journée. Et la foule s’épaissit de chaque côté de la route. Il va falloir bien « tenir » son mètre carré au bord du trottoir, pour assurer les photos à venir.
Sur le coup de 13h30, le premier élément de la caravane s’arrête pour vendre ses glaces « Extrême », à partir de 1€ ! C’est la première ruée, pour faire la queue.
Le rush vers les maillots Carrefour; par contre notre vendeur à gauche, n'est pas bousculé.
Et après le passage de "Carrefour"!
Puis ce sera « l’Equipe », qui s’arrêtera pour son « lot à 5-ou 10€ », avec un fourgon, un deuxième et dernier, paraît-il, puis un troisième, bien sûr, qui ne vendra rien.
Et là, plus la foule grossit, plus j’ai l’impression de participer, en écoutant, à un véritable forum public, où l’on s’exprime à haute et intelligible voix, même et surtout sur la politique, pourtant, croyais-je, le sujet tabou des Français (« Moi, monsieur, je ne parle jamais de politique ! »). Eh bien ce jour-là, j’ai été servi. Mais je suis peut-être tombé sur le seul endroit du St Clair où c’était le cas….. !!!
C’est d’abord un moulin ininterrompu à paroles, qui évoque ses tribulations à l’hôpital, avec une psychologue, qui après quelques paroles maladroites, « aurait été virée » (il l’a vu sur internet !). Puis Gilles d’Ettore est évoqué. Municipales difficiles en 2014, lui dit-on ? Mais non voyons. D’abord, fi des rumeurs à son encontre puis, « Je lui ai dit de venir avec moi en ville, et de demander aux gens, qu’avez-vous à reprocher à M.D’Ettore, et vous verrez…. ». Bon on verra bien…. !
Puis c’est au tour d’Arnaud Montebourg –et de sa bienaimée, Audrey Pulvar, décidément au cœur des débats aussi ! « Vous savez, il bat la campagne, habillé d’un costume de velours, même en été ! Et chaussé de vieilles Méphisto élimées. Et ça marche, car ça fait peuple et paysan ! ». Tiens je ne savais pas cela…Plus tard (mais est-ce le même ?), au passage de la voiture FO de la caravane : « Mais qu’est-ce qu’ils doivent jeter, eux ? ». « Oh, ils vont jeter la CGT, sans doute ! ». Fallait y penser. Je ne l’aurais pas trouvée, celle-là ! Puis au passage du fourgon de la CGT (aussi présente, avec la CFTC), une autre voix : « C’est honteux. Avec quel argent ils paient pour être sur le Tour ? Mais l’argent des adhérents ! ». C’est un point de vue, entendu au passage…
Plus rigolo, la caravane arrivée, au passage de la Gendarmerie : « Rendez-moi mes points » !!!!!!
Puis à la vue des drapeaux français battant au vent : « Je me suis demandé ce matin si je devais prendre mon drapeau algérien, mais finalement, non….. ! » D’autant plus qu’à côté, manifestement se trouvait un monsieur, avec ses enfants, qui a aussi entendu « La France, monsieur, c’est le plus beau des pays, il n’y a rien de tel… » alors que lui, timidement, « Moi, c’est Marrakech…..le Maroc…. » !
Sinon c’est la ruée, la bagarre, le bon positionnement en arrière, pour récupérer « de la lessive, des biscuits Belin,
du saucisson Cochonou,
des stylos Bic et combien d’autres babioles, porte-clés, échantillons Teisseire, journaux « le Parisien »
…pour remplir autant que peut se faire, les grands sacs aussi distribués pliés et attachés par d’autres marques. L’arrivée du camion « Carrefour » bat tous les records. On se jette, on s’arrache les maillots à pois, même pour en avoir plusieurs. Et de les enfiler aussitôt. Au moins, ils auront servi ! Et toujours ces « Ouh, Ouh…. » avec bras tendus, pour récupérer quelque chose. Comique, ou attristant, c’est selon, le « prétexte » des enfants ayant bon dos, un adulte proche avouant quand même qu’il est un « grand enfant » ce jour-là. Le même qui a passé bien du temps avec sa mère au portable, pour essayer de savoir s’il y avait des échappés et combien d’avance ils avaient … « il n’y a qu’à lire en haut de l’écran ». Et le même aussi pour dire qu’il a mangé hier « une spécialité de Sète, une sorte de tarte, avec du poisson haché et de la sauce tomate, ça s’appelle une TIELLE…. » !
Enfin avec la foule devenue incompressible,
l’attente est enfin récompensée. On s’agite, on bouge, le ton monte, « ils » ne sont pas loin, l’hélico est là, au-dessus de Sète », je dirai même plus, ils arrivent, les coureurs.
D'abord les motards....
J’aurai le temps de prendre le premier, légèrement détaché.
Après, l’œil collé au viseur, je vais mitrailler pour découvrir après, ceux que j’aurai « pris ». C’est rapide et prend bien moins de temps que ce que j’ai pu entendre et voir toute cette journée.
Le maillot jaune, Bradley Wiggins est juste derrière, dans le premier paquet
Derrière, on tire les braquets en serrant les dents!
Le maillot à pois est légèrement décollé, derrière.
Enfin, un peu plus loin, les derniers; des écarts ont été creusés
Puis alors le camion balai. Et le flot humain de redescendre aussitôt. Sur mon vélo, par les petites rues de Sète non fermées à la circulation jusqu’à 18h, je repars, pour pratiquement obtenir le résultat de l’étape au pied de ma porte, par le biais de Dominique, ma gentille voisine, qui elle, a beau faire de la politique, à ciel ouvert, ne me parle que du Tour de France, elle !!!!
A toutes fins utiles, pour les intéressés: fin février 2013, le Tour Méditerranéen se terminera par un contre la montre, Cap d'Agde, Mont Saint-Clair, c'est à dire les 20 derniers kilomètres de cette étape du 14 juillet mais à l'envers. J'espère bien y être....encore!
