Nicole Drano -Stamberg, écrivain frontignanaise, a publié il y a un mois avec succès un livre de poèmes , « Résurgences du ruisseau Lagamas dans le désert » aux éditions JORN, et traduit en occitan par Joan Pau Creissac et en mooré par Joachim Drano et illustré par Rebecca Holtom
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« Des domaines du ruisseau Lagamas ricochent des dragons de pied mère qui prennent racines ».
Le volume annonce dès le premier poème et dans le titre « Résurgences du ruisseau Lagamas dans le désert » toute une mythologie autour de l’eau, source de vie, élément régénateur et purificateur, à l’origine du monde (« Lagamas,l’eau enfouie » ); mais c'est aussi un lieu de prière (« Soleil-ami rassemble les nuages de douces pluies en flûtes .Pour eux . »)
Ce livre constitue un objet artistique pluriculturel, jetant des ponts spirituels entre Lagamas, une sorte de Terra Nostra du poète, l’Occitan, langue monument bien servie par un traducteur de talent (Joan-Pau Creissac), les gravures (des icônes de Rebbeca Holtom) et les traditions du continent noir, grâce à des poèmes traduits en mooré par le conteur burkinabé, Joachim Drano Kaboré.
La symbolique de l’eau et ses retombées relient l’Europe au continent noir : « l’eau coulera nue à travers ma voix sous les étoiles.Jusqu’à vous qui portez les conques débordant sur la tête ».
A la recherche instinctive d’un NOUS ancestral , elle laisse jaillir les mots, suit le mouvant perpétuel de l’eau et s’abandonne aux mécanismes fluides du langage : « Quels sont ces reflets de phrases –reflux /de chaque bois qui moulent/du ruisseau ».
Les mots incantatoires s’élèvent dans la joie et s’exhalent en bouffées lyriques ou métaphysiques : « Qu’est-ce que monde veut dire ? ».
Les pensées reproduisent les mouvements de l’eau, cherchent l’Essentiel, rejettent les mots trop beaux, trop poétisés , ne se refusant pas quand même par moments des images allégoriques persistantes.
La sensibilité de son regard réunit le monde sous une arche où le temps est sous l’emprise de la magie créatrice.
L’Eau réunit la vie , l’amour et la poésie qui sont les faces de dés du même mystère à égrener. Vivre pour créer, créer pour vivre .
Des émotions enfouies au fond de l’inconscient donnent le champ libre aux mots qui surgissent naturellement et prennent souvent la forme de calligrammes –sources qui laissent leurs ondes versifiées couler à travers les pages : « Au bout /du jour/l’homme/ivre d’attente/boit./Il boit./L’eau /Sa gorge/est un gouffre/où/jaillit une lumière.
Le poète –puisatier pressent et attend les sèves : « tu te glisses dans un vaste mouvement du cœur et tu apportes ta fraîcheur. »
Il est aussi ce visionnaire qui ,« discret amant des fontaines contera l’histoire /de ce voyage vers un/paradis où toute soif /est étanchée dans un /nuage de cerisier en fleurs./
Le poète fait des haltes incantatoires et attend les mots-clés qui éclairent les ténèbres . Cest une peur , une attente sans nom, une « sortie tragique du temps ». « Notre vie en ce monde ne laisse pas de sillage.Une voix m’appelle du lointain pays dessiné ,dans les lignes de ma main.Piste /où tu me rejoins messager qui dit :viens". L’Eau donne la vie, porte la vie à l’infini : « Entrelacs d’eau vive /courez sous la mer/Rejoignez /le seul/chemin/possible/aujourd’hui/Réparez /le terrible/esseulement ».
L’Eau est en mesure « de faire sortir la vie de la mort et d’amener la vie sur la mort ».
Le ruisseau Lagamas devient alors un animal mythologique, un véhicule du geste sacré du scribe qui se laisse porter par ce rituel divinatoire et réunit dans la même cosmogonie, une Genèse de cette terre sacrée à la voix d’eau.
Iba Ndiaye Diadji parlait de « la nature aquatique de l’être africain »
Le grand poète Birago Diop affirmait à son tour que : "Ceux qui sont morts ne sont jamais partis… " et pour Lagamas, "Ils sont dans l’eau qui coule/Ils sont dans l’eau qui dort/les morts ne sont pas morts/Entends le don du corps à l’eau » .L’Eau touche à des choses situées au -délà de ce qui est visible.Même dans la pierre il y a cette force .
Le Poète relie le Sud sec à l’occitan, qui garde à tout prix ses sève, aux mythes originaires , aux peuples , aux lacs , aux fleuves et aux puits. C'est une démarche philosophique sur l’histoire du monde.
Le poète voue un culte à l’eau , divinité à laquelle elle recourt et lui demande son appui pour l’arrivée tant attendue d’un jeune messie pour l’Afrique endolorie : « entre les acacias nauliticas un enfant rêvait/Il ouvrait sa main noire/ ».
Les symboles abondent : « L’Homme qui porte un turban descend de son chameau ;Il dit que l’univers n’a jamais vieilli.Nous conversons au bord du vide.Je conduis la cascade aux vibrations de harpe jusqu’à la poussière ».
L’Eau-aliment, l’eau-lait , l’eau-vie et la paix, est vue comme seul moyen de passer sans brutalité de la terre vers le ciel, allusion aux mythes celtes du culte de l’arbre livré à la rivière avec le corps des morts donnés à l’eau.
Lagamas est son Nil ,son Gange ,son Lourdes, lieux et eaux de culte.
L’Eau est associée à la Femme depuis la nuit des temps.
Toucher les ondes de Lagamas ou d'ailleurs, c’est accéder à la pureté , à la limite entre le matériel et l’immatériel, entre l’homme et le divin, entre le ciel et la terre.
L’Eau est mystique, fée, héroïne d’essence divine.
Ce livre rappelle que l’eau est un bien universel vital qui étanche toutes les soifs , tous les droits humains indiscutables.
La venue au monde et le départ de ce monde sont étroitement liés par les mêmes rites. L’eau est cette conductrice de divinité , d’une promesse consentie de vie éternelle au bout d’un passage digne et naturel : « Je cède à toutes les étreintes./Fine argile d’émotion déposée /dans nos âmes../Tous là.Les étoiles me réjoignent sur le terrain d’atterrissage ».
*A l’occasion de cette parution Nicole Drano Stamberg a participé à plusieurs lectures-rencontres :
-au Musée Fabre, le 15 mai dernier
-à la Librairie Sauramps
-à la Maison des Relations Internationales
- à la Comédie du Livre
- à la Maison de la Poésie,le 03 juin et[u] elle sera bientôt l’invitée pour une lecture de ses poèmes ,à Montpeyroux ,le 30 Juin à 18h , salle de l’ancien couvent .
Autres interventions ce jour-là:
-une exposition de peintures de Rebecca Holtom
-une projection du film documentaire de Georges Drano, poète frontignanais
-un clip de Géraldine Giordano
-une présentation de Angela Nache, auteur frontignanais et de Jean-Claude Forêt
La culture et la poésie traduite en occitan ayant désormais droit de cité à Frontignan, on pourrait peut-être s'attendre à ce que le Cercle Occitan trouve au passage un intérêt certain dans une rencontre avec la poète, Nicole Drano-Stamberg, elle qui sait largement dépasser dans son expression les frontières muscatières .
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« Des domaines du ruisseau Lagamas ricochent des dragons de pied mère qui prennent racines ».
Le volume annonce dès le premier poème et dans le titre « Résurgences du ruisseau Lagamas dans le désert » toute une mythologie autour de l’eau, source de vie, élément régénateur et purificateur, à l’origine du monde (« Lagamas,l’eau enfouie » ); mais c'est aussi un lieu de prière (« Soleil-ami rassemble les nuages de douces pluies en flûtes .Pour eux . »)
Ce livre constitue un objet artistique pluriculturel, jetant des ponts spirituels entre Lagamas, une sorte de Terra Nostra du poète, l’Occitan, langue monument bien servie par un traducteur de talent (Joan-Pau Creissac), les gravures (des icônes de Rebbeca Holtom) et les traditions du continent noir, grâce à des poèmes traduits en mooré par le conteur burkinabé, Joachim Drano Kaboré.
La symbolique de l’eau et ses retombées relient l’Europe au continent noir : « l’eau coulera nue à travers ma voix sous les étoiles.Jusqu’à vous qui portez les conques débordant sur la tête ».
A la recherche instinctive d’un NOUS ancestral , elle laisse jaillir les mots, suit le mouvant perpétuel de l’eau et s’abandonne aux mécanismes fluides du langage : « Quels sont ces reflets de phrases –reflux /de chaque bois qui moulent/du ruisseau ».
Les mots incantatoires s’élèvent dans la joie et s’exhalent en bouffées lyriques ou métaphysiques : « Qu’est-ce que monde veut dire ? ».
Les pensées reproduisent les mouvements de l’eau, cherchent l’Essentiel, rejettent les mots trop beaux, trop poétisés , ne se refusant pas quand même par moments des images allégoriques persistantes.
La sensibilité de son regard réunit le monde sous une arche où le temps est sous l’emprise de la magie créatrice.
L’Eau réunit la vie , l’amour et la poésie qui sont les faces de dés du même mystère à égrener. Vivre pour créer, créer pour vivre .
Des émotions enfouies au fond de l’inconscient donnent le champ libre aux mots qui surgissent naturellement et prennent souvent la forme de calligrammes –sources qui laissent leurs ondes versifiées couler à travers les pages : « Au bout /du jour/l’homme/ivre d’attente/boit./Il boit./L’eau /Sa gorge/est un gouffre/où/jaillit une lumière.
Le poète –puisatier pressent et attend les sèves : « tu te glisses dans un vaste mouvement du cœur et tu apportes ta fraîcheur. »
Il est aussi ce visionnaire qui ,« discret amant des fontaines contera l’histoire /de ce voyage vers un/paradis où toute soif /est étanchée dans un /nuage de cerisier en fleurs./
Le poète fait des haltes incantatoires et attend les mots-clés qui éclairent les ténèbres . Cest une peur , une attente sans nom, une « sortie tragique du temps ». « Notre vie en ce monde ne laisse pas de sillage.Une voix m’appelle du lointain pays dessiné ,dans les lignes de ma main.Piste /où tu me rejoins messager qui dit :viens". L’Eau donne la vie, porte la vie à l’infini : « Entrelacs d’eau vive /courez sous la mer/Rejoignez /le seul/chemin/possible/aujourd’hui/Réparez /le terrible/esseulement ».
L’Eau est en mesure « de faire sortir la vie de la mort et d’amener la vie sur la mort ».
Le ruisseau Lagamas devient alors un animal mythologique, un véhicule du geste sacré du scribe qui se laisse porter par ce rituel divinatoire et réunit dans la même cosmogonie, une Genèse de cette terre sacrée à la voix d’eau.
Iba Ndiaye Diadji parlait de « la nature aquatique de l’être africain »
Le grand poète Birago Diop affirmait à son tour que : "Ceux qui sont morts ne sont jamais partis… " et pour Lagamas, "Ils sont dans l’eau qui coule/Ils sont dans l’eau qui dort/les morts ne sont pas morts/Entends le don du corps à l’eau » .L’Eau touche à des choses situées au -délà de ce qui est visible.Même dans la pierre il y a cette force .
Le Poète relie le Sud sec à l’occitan, qui garde à tout prix ses sève, aux mythes originaires , aux peuples , aux lacs , aux fleuves et aux puits. C'est une démarche philosophique sur l’histoire du monde.
Le poète voue un culte à l’eau , divinité à laquelle elle recourt et lui demande son appui pour l’arrivée tant attendue d’un jeune messie pour l’Afrique endolorie : « entre les acacias nauliticas un enfant rêvait/Il ouvrait sa main noire/ ».
Les symboles abondent : « L’Homme qui porte un turban descend de son chameau ;Il dit que l’univers n’a jamais vieilli.Nous conversons au bord du vide.Je conduis la cascade aux vibrations de harpe jusqu’à la poussière ».
L’Eau-aliment, l’eau-lait , l’eau-vie et la paix, est vue comme seul moyen de passer sans brutalité de la terre vers le ciel, allusion aux mythes celtes du culte de l’arbre livré à la rivière avec le corps des morts donnés à l’eau.
Lagamas est son Nil ,son Gange ,son Lourdes, lieux et eaux de culte.
L’Eau est associée à la Femme depuis la nuit des temps.
Toucher les ondes de Lagamas ou d'ailleurs, c’est accéder à la pureté , à la limite entre le matériel et l’immatériel, entre l’homme et le divin, entre le ciel et la terre.
L’Eau est mystique, fée, héroïne d’essence divine.
Ce livre rappelle que l’eau est un bien universel vital qui étanche toutes les soifs , tous les droits humains indiscutables.
La venue au monde et le départ de ce monde sont étroitement liés par les mêmes rites. L’eau est cette conductrice de divinité , d’une promesse consentie de vie éternelle au bout d’un passage digne et naturel : « Je cède à toutes les étreintes./Fine argile d’émotion déposée /dans nos âmes../Tous là.Les étoiles me réjoignent sur le terrain d’atterrissage ».
*A l’occasion de cette parution Nicole Drano Stamberg a participé à plusieurs lectures-rencontres :
-au Musée Fabre, le 15 mai dernier
-à la Librairie Sauramps
-à la Maison des Relations Internationales
- à la Comédie du Livre
- à la Maison de la Poésie,le 03 juin et[u] elle sera bientôt l’invitée pour une lecture de ses poèmes ,à Montpeyroux ,le 30 Juin à 18h , salle de l’ancien couvent .
Autres interventions ce jour-là:
-une exposition de peintures de Rebecca Holtom
-une projection du film documentaire de Georges Drano, poète frontignanais
-un clip de Géraldine Giordano
-une présentation de Angela Nache, auteur frontignanais et de Jean-Claude Forêt
La culture et la poésie traduite en occitan ayant désormais droit de cité à Frontignan, on pourrait peut-être s'attendre à ce que le Cercle Occitan trouve au passage un intérêt certain dans une rencontre avec la poète, Nicole Drano-Stamberg, elle qui sait largement dépasser dans son expression les frontières muscatières .