je reste incrédule devant tant d'humanité.Jeudi 10 janvier 2008, 9h45 du matin. Des femmes et des hommes
piétinent devant les grilles du centre de rétention administrative du
Canet, à Marseille. Ils sont une quinzaine, pour moitié kurdes et
turcs. Les visages sont fermés, les gestes nerveux. Presque tous
fument, cigarette sur cigarette. La fumée se perd dans le ciel gris qui
plombe Marseille depuis plusieurs jours.
A gauche de l'entrée principale du centre de rétention, la plaque
d'une rue a été recouverte d'autocollants en soutien aux sans-papiers.
La rue Lavie a aussi été rebaptisée: "rue Lamort". En septembre 2006,
le centre de rétention du Canet a remplacé celui d'Arenc, installé sur
les quais et qui tombait en ruines, derrière la digue du large, balayé
par les embruns. Ce paysage aurait, dit une vieille rumeur, inspiré à
un sous-préfet de la République cette pensée profonde: "Au moins,
d'ici, puissent-ils voir la mer… "
Dans le quartier du Canet, le centre a été reconstruit au fond d'une
petite impasse, coincé entre un large boulevard et l'autoroute.
Désormais, les sans-papiers ne voient plus la mer… L'administration
s'est dotée d'un outil à la hauteur de leurs nouvelles ambitions, à
même de remplir les objectifs d'expulsions du ministère de
l'Immigration et de l'identité nationale: 26 000 sont programmées pour
2008.
"Une justice d'exception pour les étrangers"
Ce 10 janvier, les familles et les proches des retenus se
rassemblent devant le centre du Canet, pour assister à l'audience
délocalisée du tribunal de grande instance de Marseille. Audience au
cours de laquelle sera scellé le sort des leurs. Chaque jour, le juge
des libertés et de détention y décide du maintien ou non en rétention.
Les associations des droits humains dénoncent régulièrement "cette
justice d'exception pour les étrangers". Une fois franchi la lourde
barrière métallique, on longe le bâtiment principal. Après une fouille
sommaire, un escalier permet de rejoindre la salle d'audience.
En face de l'entrée principale, derrière une porte vitrée, on
aperçoit une passerelle extérieure. Elle relie entre eux le centre de
rétention et le bâtiment de la Police de l'air et des frontières. Une
fois traversée, le retenu devient l'expulsé. Sans retour possible.
La salle d'audience est petite, sans lumière naturelle, plafond et
parquet sombres. Une vingtaine de places assises qu'occupent rapidement
visiteurs, avocats, interprètes, policiers et militants associatifs.
L'air devient vite étouffant. Le président Carrue demande à ce que
l'audience démarre. Il n'aura de cesse de murmurer, deux heures durant,
à en devenir par moments parfaitement inaudible.
"Si vous regardez la télé, c'est que vous comprenez le français!"
Mais au moins, ceux qui passent ce jour-là la barre éviteront un
autre magistrat, Corinne Mannoni, connues pour ses remarques glaçantes.
Le 13 novembre, par exemple, s'adressant à T., Algérien:"Vous n'aviez pas d'interprète au moment de votreUn peu plus tard, à S., Turque:
interrogatoire et aujourd'hui, il vous en faut un? Depuis neuf ans que
vous êtes en France, vous comprenez bien le Français? Lors de votre
interpellation, vous regardiez un match de foot… Si vous regardez la
télé, c'est que vous comprenez le français!""Vous non plus vous ne comprenez pas le Français? Hier,Le lendemain, elle récidive avec A., Marocain en France depuis six ans :
nous avions les irrespectueux. Aujourd'hui, ce sont les amnésiques. Il
serait opportun, M. S., que vous retrouviez le Français. On n'est pas
en Turquie ici. Avec moi, ça ne prend pas…""Sortez vos mains des poches, nous ne sommes pas dans unCe jour-là, pas de surenchère de la part du magistrat, mais pas non
bar ici (…) Dépêchez-vous, on ne va pas y passer la matinée (…) Il faut
vous tirez les vers du nez."
plus de mansuétude. Quatorze dossiers seront examinés par le président
Carrue en à peine deux petites heures. Quatorze hommes dont on ne saura
finalement presque rien.
Quelques bribes de chaque histoire, de chaque parcours. La compagne
de H. est enceinte. Une demande de Pacs a été déposée par Y. L'arrivée
clandestine de G. en 2000 depuis la Turquie lui a coûté 5 000
deutschemarks. M. a été interpellé au petit matin par des policiers qui
planquaient en bas de son immeuble, après "dénonciation d'une autorité
préfectorale". J., un jeune bosniaque né à Sarajevo en 1988, dont la
famille a fui la guerre, va probablement être renvoyé dans un pays
qu'il ne connaît pas.
"Vous auriez eu un 'regard fuyant', est-il précisé dans le procès-verbal de police"
La balance ne penchera qu'une seule fois du bon côté. R. sera
finalement remis en liberté, mais avec obligation de quitter le
territoire français. Il avait été interpellé en pleine rue par des
policiers de la brigade anti-criminalité (en civil), parce qu'ils
estimaient son "comportement suspect".
Le président explique: "Vous auriez eu un 'regard fuyant', est-il
précisé dans le procès-verbal de police. La police a eu le sentiment
que vous vous intéressiez d'un peu trop près à des véhicules en
stationnement."
R. ne semble pas comprendre. Le président reprend.
Même interrogation dans le regard de R. Le président hausse alors la
voix pour la première et dernière fois de la matinée, et, dans un
registre nettement moins policé, lâche:"M. R., la police pensait que vous alliez voler un véhicule !"Son avocat proteste et fait valoir qu'un simple "regard fuyant" ne
peut constituer un motif suffisant d'interpellation. Il sera entendu…
Lors de cette audience, (avant la suspension), il sera le seul.
Au centre de rétention administrative de Marseille, tous les autres
personnes sans-papiers jugées n'auront pas cette chance. A chacun, le
président susurrera:"Le préfet a demandé la prolongation de quinze jours deCertains ne semblent pas comprendre la décision et paraphent les
votre rétention pour lui permettre de vous ramener dans votre pays.
Vous êtes maintenu en rétention."
documents parce qu'on le leur demande. Avant de rejoindre leur cellule
et pendant ce bref instant où ils font face à la salle, ils cherchent
du regard leurs proches, font un signe de la tête. Un mouvement de
lèvres. "Ça va", devine-t-on. Un vague sourire, parfois. Avant de
disparaître dans l'ombre de la machine à expulser.
source
certe sans papier. Peut etre est - il impossible de les concerver sur le territoire mais tant d'inhumanité, voir de mépris, voir de violence envers des gens qui, pour beaucoup d'entre eux, finalement sont venu ici pour échapper a leur misére de la-bas.
N'aurez t-on pas pu avec un peu plus de temps, faire çà en douceur ?
pourquoi tant d'urgence ? je n'ose croire que cela n'est du qu'à la tenu d'une promesse électorale n'ayant d'autre but que de séduire l'electorat du FN... Je n'ose.
Maintenant je pose cette question. Cette "maltraitance" envers ces etrangers ne se retournera t-elle pas contre les ressortissants français vivant la-bas ? (Zoé, Journalistes au niger...)
Il me semble que déja j'entends les fanatiques d'en face répondre aux fanatiques d'ici en proférant menaces envers les français vivant dans le magrebe...
Ma soeur vit en tunisie en parfaite harmonie avec les tunisiens...
Sarko, si on fait du mal a ma soeur a cause de toi,....