Depuis plus d’une heure,
je m’étais mise à écrire dans mon lit et à noter sur mon cahier imaginaire tout
ce que je devais faire.
Aujourd’hui samedi
20 mars, n’y tenant plus je me décide à me lever et à noter ce que j’ai dans la
tête. Cela est devenu une habitude depuis quelques années, je me réveille après
2 ou 3 heures de sommeil, et il faut que je me lève. Puisqu’ il m’arrive d’être
super active la matinée, j’essaye d’en profiter. En l’occurrence, mon mari
étant en train de dormir, je m’applique à ne pas faire de bruit. J’ai fait griller
mon pain, histoire de commencer une journée « normale » pris mon
café, après mon injection d’insuline. La barre est haute ce matin, ceci explique
cela. J’ai remarqué que lorsque je dors peu, mon diabète est élevé au réveil. C’est
comme si une alarme me disait lève-toi et pique- toi. Ce que je fais…J’en
reviens à ce moment peu avant de me lever.
A peine levée, la mer ayant envahi Frontignan a recouvert
l’appartement que nous avons près du port est. Je vérifie dans mes placards que
tout est en ordre. J’ai pris soin de mettre sous plastique tout ce que je range.
Ainsi, comme je l’avais pressenti, la mer s’est avancée, je gère mes affaires,
en l’occurrence mon ménage sous une eau claire. Dans cette partie de la méditerranée,
précisément à Frontignan, la ville est renommée pour ses eaux claires, ses plages
de sable blanc et bien évidemment pour son muscat exceptionnel.
Déjà, deux ou trois jours avant le décès de ma sœur de Toulon,
j’avais fait un cauchemard ou plutôt un rêve prémonitoire.
De la fenêtre de la
véranda, j’avais vu la mer tellement agitée, que certaines vagues avaient déferlé
sur la route qui borde les habitations près du port. Cette fois là, j’avais compris
que nous étions en danger et après avoir alerté ma fille qui se trouvait à
quelques maisons voisines, mon époux était parti sortir la voiture du garage.
Pour ma part j’étais allée au devant de ma fille pour l’emmener vers la
voiture. La porte de la résidence était entr’ouverte, côté rue et nous devions
nous diriger vers Montpellier par précaution, surtout pas vers Sète. C’était
ainsi dans mon rêve, pour que nous ayons la vie sauve. J’ai dû me réveiller avec
une angoisse terrible. Ma sœur est décédée le dimanche suivant, au moment de l’Eucharistie.
J’étais à la messe et en regardant le Saint Sacrement, j’ai eu la courte vision
d’une porte qui s’ouvrait vers le ciel. Ma sœur à Toulon, se trouvait également
parmi ses amies à la prière et au moment de ma vision, elle venait d’avoir un
AVC et décédait dans les minutes qui suivaient, malgré les soins rapides des
pompiers et du Samu appelés à son secours.
Je l’avais eue au téléphone
le vendredi et lui avait raconté ce rêve .Elle – même m’avait dit avoir eu le
Seigneur en rêve lui annonçant qu’elle n’avait plus à chercher à déménager car Il
lui avait préparé sa maison et que celle-ci l’attendait.
Étant très croyantes
toutes les deux, nous avions accepté de fait ces rêves dans la paix, comme
venant du ciel avec la promesse que tout se ferait avec Dieu.
Ainsi j’ai eu la
certitude que nous ne connaissions pas les volontés de Dieu, mais que nous
avions parfois la possibilité de nous préparer pour le fameux départ.
A chacun d’y croire ou de
ne pas croire, c’est une affaire personnelle.
Quoi qu’il en soit, il m’est souvent arrivé de rêver d’eau,
des rêves souvent cauchemardesques et j’en même des souvenirs d’enfances où je
me suis retrouvée à deux pas de la mort, dans le canal du village de mon
enfance, lorsque j’avais dix ou douze ans, mais cela ne me gâche pas la vie
pour autant. Pour ma part, rien n’est décidé par avance et le cours de notre
vie peut changer suivant ce que l’on en fait et selon non pas notre volonté mais
celle de Plus fort que nous.
Donc, j’en reviens à cette nuit.
C’est curieux, moi qui crains de devoir mettre ma tête
sous l’eau, je nage comme un chien, en respirant comme un phoque, je me vois
respirant comme dans une bulle, l’air devenant l’élément eau et une autre image
me revient. Je devais avoir quinze ou seize ans. J’étais en vacances en
Bretagne. J’étais dans l’eau, jouant avec des jeunes de mon âge, et quelqu’un m’avait
prise par les pieds pour me faire aller au fond de l’eau. J’avais les yeux ouverts,
je voyais le sable bouger, des corps se mouvoir et moi sans panique rester
ainsi. Je n’ai pas su comment je m’en étais sortie, je ne savais pas nager.
Quelque personne a dû me tirer pour me sortir, mais je crois que c’est à la
suite de çà, car je n’ai rien compris à ce qui m’arrivait, que j’ai gardé la
peur de l’eau. Car c’est un fait, j’ai peur de l’eau et j’ai même des
difficultés pour prendre ma douche, je dois préserver mon visage du contact de
l’eau.
Je suppose que ce qui s’est passé en France et ailleurs
dans le monde a été un traumatisme pour beaucoup d’entre nous et que nous nous
sentons touchés par ces drames. Imaginer la mer arrivant au pied de notre
lit et dans un court instant notre réveil
devenant cauchemard, c’est carrément une horreur.
Quoi qu’il en soit, dans mon rêve, à moitié réveillée, je
suis dans sous l’eau.
C’est comme lorsque je suis née. D’ après ce que mes parents
m’ont raconté, lorsque je suis née, je ne respirais pas. Or nous sortons d’une
poche d’eau, n’est-ce pas ? Étant la 2ème d’une paire de
jumelle, et en venant au monde juste après la guerre, mes parents avaient été
surpris d’apprendre qu’ils avaient gagné le gros lot. Deux pour le même prix,
leur avait - on dit. Quelle fatalité et quels rapports avec l’eau !
J’ai horreur de l’eau ! Je n’en bois que rarement et
pas souvent dans un verre.
Par contre j’apprécie les bains, et je passerais ma vie
dans une baignoire ou dans la mer, la tête hors de l’eau. C’est curieux mais c’est
comme çà. Comme dit mon mari et pourtant Vittel c’est dans les Vosges, et Gérardmer
est une ville d’eau…
Et je viens vivre pour ma retraite, à la mer…
Nous avons connu Frontignan en 1994. Après le décès de notre
fils de 19 ans, des amis ayant une usine à Frontignan nous ont prêté ce petit
appartement afin que nous soyons tranquilles au bord de mer, et dans un lieu ne
nous rappelant pas notre fils. Pourquoi se torturer ?.
Il s’est passé que nous avons trouvé, ici, un havre de
paix. Nous avons eu la possibilité d’acheter cet appartement par la suite, et après avoir attendu l’heure
de la retraite, nous avons prolongé nos vacances d’août, ainsi que notre fille
qui comme moi n’est jamais remontée dans la région parisienne depuis 2008.
Pourtant elle est née à Paris cette fan
inconditionnelle de Frontignan. Une petite fille est née à Sète en décembre 2009, venant
agrandir une petite famille, après la naissance du 1er petit fils à Saint Cloud en juin 2006.
Oui, vivre à Frontignan est un plaisir et un bonheur qui
se mérite. Mais assez facilement, nous nous sommes sentis adoptés par les
ventres bleus et j’ai la chance de fréquenter beaucoup de gens du pays, des
anciens, avec qui j’ai beaucoup d’affinités. Bien sur je ne passe pas mes
journées à aller chez la voisine, je respecte bien trop la tranquillité de
chacun pour cela.
Les commerçants sont sympas, les marchés extraordinaires
et le climat y est bon..
Tant que la mer reste où elle est , ne vienne pas s’inviter
dans ma petite maison, tout est parfait.
A bon entendeur salut.
Un hommage à Frontignan
eve